Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
victoire la rouge.

Il la regarda, soupçonneux, les yeux tout petits sous le tas brouillé des sourcils.

— Alors, vous laisserez votre paquet ici, dit-il.

Et il lui donna une sache.

Elle s’en alla vite, remontant la côte, passant sous les pins, et dévalant au couchant, où cependant la nuit commençait à faire de rondes ombres sous les lourds châtaigniers.

Sans rien dire, l’homme avait pris son fusil, et, de loin, d’arbre en arbre se cachant, il la suivait. Quelque voleuse, peut-être ; et il avait armé le chien, le doigt sur la détente, comme s’il attendait une envolée de perdreaux.

Cependant la Victoire, renforcée par ce coup de fortune, battait les arbres, secouait les branches, écrasait les « pélous » sous ses pieds nus sanglants. Et le bissac, qu’elle traînait de place en place, commençait à s’emplir.