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victoire la rouge.

Et tandis que le chien courait, elle remuait ses aiguilles dans la grosse laine brune dont le tricot lui pendait entre les doigts, et, le nez en l’air, elle traînait ses sabots.

Sous le chemin parfois s’allongeaient des branches d’arbres avec des fruits au bout. La Victoire lançait son sabot dans le tas, et cela dégringolait. Elle n’était pas longue à emplir ses poches, et tout le temps ensuite elle croquait, le poing sur la bouche, les dents voraces.

Quelquefois, elle s’accotait avec d’autres enfants qui gardaient ou bien une vache, ou quelques douzaines de dindonneaux glousillant, haut perchés sur leurs pattes minces, ou bien des oies toutes petites et jaunes comme des serins, qui cancanaient en se déhanchant pour courir sous la touchée de la gaule.

Et, tous ensemble, ils s’en allaient loin des