Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.
189
victoire la rouge.

— Et faites vite, lui disait-elle toute tremblante de la peur que son homme rentrât.

Car elle voulait bien payer la Victoire, puisqu’on la renvoyait. Et lorsqu’elle tint la bourse, elle lui compta dix écus. Mais Victoire se défendait : c’était bien trop ; on ne lui devait pas ça.

La fermière la tira par sa jupe et lui glissa l’argent dans sa poche, malgré elle. Même elle l’obligea à emporter la moitié d’un pain. Elle cherchait encore ce qu’elle lui pouvait donner. Elle eut une idée, et elle lui fit cadeau de son chapelet. Il semblait qu’elle lui donnait ainsi la bénédiction de Dieu.

— Vite, disait-elle, en écoutant par la fenêtre, allez vous-en : ils vont rentrer. Et que la Sainte Vierge vous protège ! pauvre !…

Puis elle recroisa ses mains, triste, apitoyée, la tête fléchie, toute blanche dans ses coiffes comme une madone sous ses voiles,