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victoire la rouge.

Elle ne pleurait pas, elle suait d’angoisses, bourrelée de cette pensée qu’elle était sans abri et qu’elle allait avoir faim. Car elle sentait bien que son maître la jetterait tout de suite hors de son foyer honnête où deux jeunes filles grandissaient. Même elle pensa qu’elle devait rentrer la première à la maison, faire son paquet et s’en aller sans rien dire. Elle n’aurait pas la honte de rougir devant ces braves gens qu’elle avait trompés.

Alors elle se remit à marcher de son pas large et pressé, coupant à travers champs pour rejoindre le chemin qui montait vers la ferme par les bois, sous les chênes où les genêts étalaient leurs fleurs d’or sur la gazonnée des herbes folles et des bruyères roses.

Mais si vite qu’elle se hâtât maintenant, elle arrivait trop tard. Le maître l’avait devancée.

Furieux, désolé d’avoir abrité sous son toit une fille que la prison venait de lâcher,