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victoire la rouge.

leurs jeunesses de filles que la Victoire savait fort bien garder du péché et toucher ferme vers la maison lorsqu’elles s’avisaient de faire les étourdies.

Pour elle, les garçons ne s’y frottaient point sans recevoir une rebuffade sous forme de bourrade, non tendre, mais appliquée de main rude et brutale parfois, comme si elle se défendait moins d’une caresse que d’un mauvais coup.

Cependant elle aimait rire avec eux, et elle se lâchait à des plaisanteries roides qui la faisaient se pâmer dans des secousses de tout son corps en gaieté. Mais leur toucher la faisait blêmir ; ses petits yeux s’épeuraient, et elle levait le poing. On ne l’avait vue s’attendrir qu’avec les enfants. Non pas les filles encore, mais les petits gars en culottes percées, sales et morveux, les cheveux brouillés et l’air grave, qu’elle rencontrait au bord d’un fossé, gardant la brebis et