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victoire la rouge.

tant qu’elle prenait à faire jouer et craquer ses muscles dans l’odeur grisante des foins embaumés.

Lorsque les charrettes étaient remplies et bien peignées tout autour par les dents du râteau, on piquait les bœufs et l’on revenait à la ferme. Toutes les faneuses suivaient, l’outil sur l’épaule, et l’on chantait, à pleine gueulée, la chanson monotone et traînante aux notes aiguës qui s’en allaient loin dans la nuit, tandis que, par les chemins étroits où les charrettes cahotaient, frôlant les arbres, toutes les branches se frangeaient d’herbes échevelées.

Quand on eut serré les foins, partout, ce qui ne tarda guère parce que l’on avait dû se presser. Victoire aurait encore chômé en attendant les blés, si sa force et sa vaillantise ne l’eussent fait embaucher par le maire d’une petite commune des environs, et qui était un paysan.