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victoire la rouge.

Le soleil s’en allait tombant derrière les collines, quand on commençait à charger. Les femmes avaient jeté leurs chapeaux de paille rousse, et l’on voyait leurs cheveux qui pendaient sous le fichu défait.

Elles râtelaient maintenant, ramassant le foin et le traînant au même tas. C’était la Victoire qui enlevait l’herbe à bout de bras, faisant plier la fourche sous le poids énorme qu’elle soulevait à la fois, pour le jeter dans la charrette à l’homme qui l’entassait par couches régulières. Puis elle se baissait et se relevait sans prendre le souffle, balançant sa charge et la jetant toujours plus haut à mesure que le char s’emplissait. Ses reins se cambraient, ses bras craquaient, sa poitrine se gonflait sous l’effort, et aussi son cou musculeux tout mousseux sous la nuque de sa toison fauve et crêpelée. À chaque coup, elle criait : Hop ! et sa bouche rouge aux dents éclatantes s’ouvrait toute sensuelle dans le plaisir exci-