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victoire la rouge.

Comme aussi elle manqua bien de le devenir un soir qu’en revenant de chercher du travail, au loin, là-bas, derrière Champcevinel, et qu’en dévalant le coteau par l’étroit sentier raviné, entre les touffes de pins et les vignes maigres, elle aperçut monter deux gendarmes. Ses jambes s’arrêtèrent. Elle s’assit au talus, si blême et chavirée qu’on l’eût crue prête à rendre l’âme.

Quand elle put s’enfuir, elle semblait poursuivie, tant elle regardait autour d’elle et derrière, effarée, le corps en avant, avec des peurs de tous ceux qui la regardaient comme si elle traversait un lieu réservé aux honnêtes gens, qui avaient le droit de la chasser et de lui faire du mal à elle, la bâtarde et l’infanticide.

Mais pourquoi aussi avait-elle faim ? Sans cet appétit de vivre qui la travaillait avec une force plus grande, à mesure qu’elle passait ses vingt-cinq ans, elle serait peut-être