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victoire la rouge.

jours. Et ensuite ? Donc il fallait qu’elle cherchât à se louer.

Alors elle imagina une histoire pour dire d’où elle venait. Des maîtres qui l’auraient emmenée là-bas, à Montpellier, et puis qui seraient morts. Elle retournait au pays. C’était tout simple. Si l’on voulait savoir de quelle paroisse elle était, elle nommerait le Grand-Change, où elle avait grandi, chez les Jameau. Voilà.

Elle se leva tout à fait, défripa ses jupes et sortit du bois.

Déjà les paysans passaient, les outils sur l’épaule, s’en allant sarcler les blés en retard ou biner les pommes de terre. On parlait de la Saint-Médard qui venait de tomber le droit jour de la lune, amenant les pluies, et l’on s’inquiétait pour les foins à couper.

Victoire prit le pas d’un groupe de ces travailleurs, l’enjambée large et lente, avec la cadence rhythmée du corps alourdi, et elle