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victoire la rouge.

des herbes penchées, remuait la feuillée des taillis avec un frissonnement doux. Le caquetage des oiseaux commençait, et aussi l’ébrouement de leurs ailes au bord des nids.

Victoire, roidie par le froid, étira ses membres et se dressa sur ses genoux, comme pour prier ; mais un malaise la tenait. Elle s’affaissa sur ses talons et demeura tassée dans son trou. Elle avait faim. C’était sa pensée unique maintenant. Ses flancs creux la faisaient souffrir.

Il lui fallait chercher sa nourriture, mais hors du bois, comme le loup affamé ! L’instinct qui fait ruser les bêtes pour attraper leur proie poussa la Victoire à réfléchir sur sa situation pour en tirer parti. Avant tout il lui fallait manger. Il lui restait bien quelque argent qu’elle avait gagné à coudre des toiles pendant cinq ans, mais c’était peu pour sa grosse faim. Elle eût tout dévoré en peu de