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victoire la rouge.

l’air rempli des fortes odeurs de sève, de verdure âpre, d’écorce fendue et résineuse, d’herbes écrasées où il y avait le serpolet en fleur, enfin de la terre échauffée par la tombée ardente du soleil. Il semblait que tout cela lui coulât dans les veines avec une fraîcheur de source. Jamais un plus grand bonheur n’avait caressé tout son être, ses membres et sa pensée à la fois.

Après cinq années d’écrasement et d’ombre, loin de la terre et loin du ciel, elle se baignait tout à coup dans la clarté des cieux et dans les effluves de la terre reconquise.

Ce premier jour de liberté, cette première nuit de repos, lâchée, comme elle l’était, à travers ces bois, perdue comme un oiseau sous les feuilles, inconnue, oubliée, invisible, presque plus vivante comme être, mais vibrante comme une chose animée, comme une plante frissonnante, cette première nuit,