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victoire la rouge.

à la vesprée. Elle avançait la main pour toucher leur laine. Elle riait au mouvement craintif du bœuf qui s’écartait de son bras tendu et la regardait avec ses yeux rêveurs et tristes, ruminant plus lentement, les naseaux larges.

Elle s’assit au bord d’un ruisseau, la Bauronne, où des lavandières secouaient du linge fumant la bonne odeur chaude de la cuvée de cendres. Elle s’offrit pour tordre les grandes toiles lourdes qui pesaient aux bras des autres femmes, et que Victoire enlevait et tordait à pleins poings, s’éclaboussant d’eau fraîche, avec une joie de ses forces employées.

Quand la nuit vint, elle rôdait encore aux environs d’un petit village appelé la Chapelle, en haut de la côte, sur la droite de la route de Ribérac, qu’elle n’osait pas suivre, malgré le besoin qui la tirait de ce côté-là, par la peur d’être reconnue.