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victoire la rouge.

engendrée et nourrie. Elle semblait née de là, comme une herbe vivace ou comme une bête ayant ouvert les yeux, dans un terrier, sur la mousse, et brouté l’herbe au ras du sol, dans la senteur forte de la terre humide et chaude.

Elle avait les inconsciences natives de l’être primitif, ses appétits, ses instincts et aussi son attachement pour la nature féconde qui donne la vie et germe sans cesse afin de nourrir la progéniture immense qui se colle à ses flancs.

Vers la fin de son temps, Victoire pensait avec joie qu’elle serait libre avant les foins, qui se font là-bas aux alentours de la Saint-Jean. Et puis la moisson viendrait ensuite. Enfin on couperait les maïs. Elle verrait tout cela, même la ramassée des châtaignes qui se fait tout au bout de l’automne après les vendanges. C’était comme un plaisir qu’elle se racontait, recommençant toujours et tous