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victoire la rouge.

ce trait seul modifiait sa physionomie, qui jadis exprimait l’hébétement et l’inconscience naïve, mais douce, grâce à la bouche épaisse, et qui présentait aujourd’hui un masque farouche et froid, presque tragique.

Une fois sortie de la ville, elle tourna d’instinct par les chemins connus qui la ramenaient vers les lieux où jeune elle avait vécu. Et puis la campagne l’attirait.

Là-bas, à la Centrale, pendant toute la journée silencieuse qu’elle passait à ourler les grosses toiles, les toiles de ménage au treillis dur comme des ficelles tissées, — sa tâche à elle la fille aux doigts lourds et rudes, — tout le temps elle pensait aux champs et aux travaux qu’on y devait faire à cette heure. S’il pleuvait en bonne saison, elle portait peine pour les semailles retardées. La sécheresse qui brûlait les prés lui donnait des ennuis. Elle vivait intimement avec la terre, dont elle prenait souci comme du sein qui l’aurait