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victoire la rouge.

un homme : il sifflait. Puis il s’était arrêté comme pour écouter : sans doute le petit. Alors elle s’était levée pour voir ; elle était comme cela, retournée, et comme il n’y avait pas de feuilles aux arbres, elle voyait loin. L’homme approchait. Le petit criait plus fort. Pour le faire taire, pendant que l’homme passait, elle avait posé son pied nu sur la petite bouche ouverte, comme cela.

Et la Victoire, la face au bois, le regard dilaté par le souvenir de l’effroi et du crime, se tenait immobile, le pied allongé et posé raide devant elle, comme elle avait fait. Elle avait senti, disait-elle, comme si un serpent s’était roulé autour de son pied, les petits bras qui remuaient et tout le corps qui se tordait sous son talon. Puis quand l’homme avait eu passé, reprenant sa chanson qui faisait siffler les merles, elle avait retiré son pied ; mais le petit ne bougeait plus : il était mort.

Elle l’avait regardé longtemps, ne compre-