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victoire la rouge.

Elle parlait maintenant comme avec un plaisir de soulager son cœur, de conter son malheur à des gens qui ne la rudoyaient point, qui ne lui disaient point d’injures, et qui l’écoutaient avec tant d’intérêt qu’elle se laissait parler.

Elle ne voyait point les visages qui s’allongeaient, curieux, derrière les arbres, les regards luisants de ceux-là mêmes qui l’avaient dénoncée, par bavardise seulement, et qui éprouvaient comme une peur aujourd’hui que les gendarmes étaient là. Elle ne voyait que le fossé béant, tapissé de broussailles et d’herbes nouvelles, avec comme un éboulement de terre dans le milieu.

Elle disait qu’elle était venue là, en courant, un jour que les douleurs lui tordaient les entrailles. Elle ne savait pas où aller, ni à qui demander aide. Elle n’osait pas, d’abord, on l’aurait huée. Elle pensait à demeurer là, cachée, comme une bête en son trou, tant