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victoire la rouge.

Dans la splendide tombée du soleil et la gaieté du renouveau, et l’odeur fraîche des terres reverdies, sous les pommiers qui neigeaient, faisant la jonchée blanche, la Victoire passait, sinistre dans ses jupes éclaboussées de rouge, les mains sanglantes, entre les deux gendarmes dont l’équipement reluisait.

Ils entrèrent dans le bois, et là, Victoire s’arrêta un peu, regardant autour d’elle. Puis elle se dirigea vers un bord, non loin d’une terre ensemencée.

Il y avait là une haie, au ras d’un fossé dans lequel elle s’affalait ces derniers temps, quand elle venait travailler et qu’elle n’en pouvait plus de sa grossesse arrivée à terme.

Elle raconta qu’elle y demeurait des heures, comme cela, accroupie, levée sur ses mains pour voir si on ne la surprenait point dans ce repos qui eût exaspéré les Maleyrac. Elle se cachait. Et un jour…