Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
victoire la rouge.

et les pousses tendres. Quelques-uns se couchèrent à l’ombre. Le chien s’aplatit, le museau allongé sur ses pattes, se reposant, et ne veillant plus que d’un œil.

La Victoire se coucha tout de son long dans les fougères molles et s’endormit. Cela fit que deux jeunes brebis plus étourdies que les autres, tout en jouant à cabrioler l’une devant l’autre, s’égarèrent dans les bois.

Et quand le troupeau s’en revint le soir à la ferme, la Jameau, comptant ses bêtes, du premier coup vit qu’il en manquait deux.

Elle cria en gémissant qu’elle était bien malheureuse ; puis, se retournant sur Victoire, elle lui coucha la tête d’un soufflet.

La drôlesse poussa un beuglement comme si on l’eût assommée, et, tirant son mouchoir, s’enfonça les yeux avec, braillant, suffoquant, trempée jusqu’au ventre des larmes qui ruisselaient de ses yeux et de son nez.