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victoire la rouge.

dans un baquet où Victoire accroupie plongeait ses bras et remuait les mains.

Ce cri aigu, lamentable, qui devenait plus haut et terrible quand Victoire d’un nouveau coup élargissait la plaie, avait jeté un silence parmi la basse-cour effrayée et jusque sur les toits où les roucoulements cessaient. On eût dit que l’effroi de la mort avait passé parmi ces bêtes, avec comme une angoisse qui les tenait immobiles.

Quand le porc égorgé vint à râler plus bas, on entendit la Victoire qui chantonnait distraitement. Sa face très-pâle, tranquille et comme endormie n’avait pas un émoi, tandis qu’elle tournait et retournait dans le baquet le liquide pourpré qui lui tombait chaud et fumant sur les doigts. Le soleil caressait ardemment sa nuque rousse et l’engourdissait dans un bien-être où il y avait la volupté du repos. Sans pensée, les yeux à demi fermés, les mains lentes main-