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victoire la rouge.

Elle se traînait, quand elle était seule, elle râlait, elle s’affalait sur ses genoux, en pleine terre mouillée ou gelée, et elle demeurait là, les yeux vides, la tête sans pensée, écoutant battre ses flancs. Parfois elle les empoignait à deux mains furieuses comme si elle eût voulu étouffer ce fruit de ses entrailles qui la poignait et semblait vouloir la crever pour montrer sa honte à tout le monde.

Même une haine lui était venue pour cet enfant qui lui causait tant de malheurs et de souffrance. Si elle avait pu l’arracher de ses flancs et le jeter loin d’elle, comme on fait d’une bête qui se colle à vous et vous ronge, elle l’aurait fait sans pitié. De la pitié ! Qui donc en avait jamais eu pour elle ? Et savait-elle même ce que c’était ?

Elle devenait farouche comme un animal sauvage et traqué. Ses regards en dessous luisaient de douleur et de haine. Une révolte