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victoire la rouge.

Et les jours alternaient ainsi pour elle. Mais c’étaient les plus mauvais qui revenaient le plus souvent, car le temps passait. Et Victoire, sanglée dans ses cottes, bridée dans son corsage, étouffait et s’éreintait à porter, en le cachant, un ventre énorme qui grossissait toujours. Elle avait imaginé d’être enrhumée pour se tenir empaquetée, et elle faisait la malade, s’asseyant vite dans ses jupes dès qu’une personne étrangère à la maison la regardait.

En même temps, elle pensait : Le temps approche, encore huit jours peut-être, et si « lui » n’est pas revenu, qu’est-ce que je vais faire ?

Avec cela que le mois de mars finissait, on faisait les pommes de terre, on semait les petits pois et les fèves de marais. Et c’était Victoire qui faisait les trous, les sillons, la ramenée de terre sur les grains posés un à un, se baissant et se levant tout à coup.