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victoire la rouge.

Madame Maleyrac eût été bien surprise si elle avait pu voir sa servante, l’oreille collée à la porte, écoutant gravement la lecture du journal.

Le sens continuait à lui échapper absolument, et malgré tous ses efforts. Cela même lui faisait l’effet d’une langue inconnue. Seuls les mots de guerre, canon, soldat, qui revenaient de temps à autre, comme il est d’usage dans tout article politique bien compris, afin de caresser le chauvinisme du lecteur, ou de lui donner la petite mort s’il est poltron, ces mots seuls lui étaient clairs et signifiaient pour elle que son dragon faisait la guerre, et c’est pourquoi il ne répondait pas. Parfois aussi le mot de « paix » revenait dans les lectures de M. Maleyrac, et Victoire en reprenait courage. Elle pensait pendant toute la journée à sa lettre, qu’il allait enfin trouver au retour de la guerre et à laquelle il répondrait.