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victoire la rouge.

chaussé ses bas et ses sabots, et rattaché proprement son fichu sur ses cheveux rouges et drus qui passaient frisottant au ras des yeux. Elle cherchait un bureau de placement.

Au coin de la place du Marché, elle demeura plantée devant une enseigne qu’elle épelait avec de rudes efforts de mémoire, car, depuis l’hospice, elle n’avait jamais regardé dans un livre. Et il fallait qu’elle fût poussée par une surexcitation qui lui élargissait, pour ainsi dire, ses facultés de voir et de comprendre, pour arriver à déchiffrer toute seule l’adresse qu’elle cherchait. C’était bien là.

Elle tourna le bouton de la porte, timidement, dans la crainte qu’il y eût beaucoup de gens devant lesquels il lui aurait fallu parler. Mais le bureau était vide. Et elle s’assit, soulagée, les pieds tirés vers le poêle, reposant enfin ses flancs qui semblaient lui tomber, et ne tenir à elle que par des fils tendus douloureusement.