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victoire la rouge.

Victoire en avait encore pour trois mois avant ses couches ; mais déjà sa grossesse apparaissait. Et madame Maleyrac, qui n’avait aucune raison de la soupçonner, l’accusait d’en prendre trop à son aise avec la nourriture et les loisirs. Décidément cette fille engraissait. Et ce fait inouï chez elle lui donnait quelque orgueil ; elle en tirait gloire, et appelait souvent l’attention des gens sur cette grosse gourmande de Victoire qui la ruinait à remplir son ventre immense.

Victoire, devenue sournoise, surprenait bien parfois des regards singuliers que ces remarques attiraient sur elle. Mais elle feignait d’en rire, et si niaisement, que les soupçons se détournaient.

Cependant elle avait fini par arranger quelques idées dans sa pauvre cervelle étroite, et qui prirent, après bien des efforts, la forme d’un projet. Elle persuada madame Maleyrac qu’il lui serait facile de réaliser une