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victoire la rouge.

coucher. Tant pis, on verrait demain, elle n’en pouvait plus. Et rasant le mur, où elle se cognait, elle vint à l’étable, posa sa lumière sur une poutre en saillie, dégrafa ses jupes ; puis, toute lourde, elle se jeta sur la paille, avec déjà un ronflement de sa poitrine nue.

À ce moment, la porte de l’étable céda à une pression de genoux du dragon qui la guettait. Par l’ouverture, le ciel très-noir et tout brillant d’étoiles entra, avec une bouffée d’air frais et l’odeur douce de la nuit parfumée des champs. Le dragon, suffoqué par les senteurs nauséabondes des brebis suantes dans leur laine et vautrées dans leur paillée, laissa la porte ouverte.

Dans le silence qui s’était fait autour de la masure endormie, il entendait pépier vaguement les oiseaux et le rossignol vocaliser au loin dans les arbres.

La Victoire dormait dans ses cheveux