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victoire la rouge.

Tantôt, elle se voyait marcher, toute roide, à grandes enjambées, en tête du cortége de ses invités, avec sa robe neuve, son châle de cachemire à dessins jaunes, son bonnet blanc à rubans de satin, et le bras passé sous celui du « novié » en veste longue, tandis que le violoneux jouerait des airs gais en ouvrant la marche.

D’autres fois, quand un coup de vin pur lui piquait les yeux, elle avait d’autres pensées, et elle s’en allait sur le dos de sa chaise en criant de rire, comme si on la chatouillait.

Et tout autour de la grande table de cuisine, éclairée par des chandelles de suif aux mèches fumantes, c’était un tapage de grosses voix rudes et de criailleries de filles qui montaient dans la fumée des plats et l’odeur vineuse, et la buée de ces souffles chauds, épais, aux senteurs violentes et comme saturées d’épices.