Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
les femmes qui tombent

Elle aperçut une sorte de bureau éclairé d’une lampe suspendue ; au milieu une table riche ; dans un coin, un coffre-fort gigantesque. Elle le suivit ; le rideau tomba.

Dans la salle, on s’impatientait : cette dame demeurait bien longtemps.

Thérèse Leroy regardait sa montre à chaque minute ; maintenant Jean Delorme l’attendait. Elle voulait cependant lui porter une bonne nouvelle : Abel Henriet lui avait parlé d’un engagement à l’Odéon.

— C’est comme moi, lui dit familièrement un jeune homme au menton bleu qui l’avait entendue causer théâtre, on me promet un engagement pour la Russie ; mais ça ne vient pas. Mademoiselle arrive aussi de province ?

Thérèse lui tourna le dos.

Le jeune homme alla s’asseoir près de la chanteuse de l’Alcazar, lui poussa le coude, et, clignant l’œil vers la tragédienne :

— Ça fait des manières !

— Ne m’en parlez pas, répondit la Nina avec son allure de bonne fille qui chante les gaudrioles de café-concert, entre artistes ! Ça fait suer. Vous cherchez un engagement ?

Ce pâle garçon, aux grands yeux noirs féminins, lui plaisait. Il dit :

— J’en ai assez, de la province. On n’y fait son trou que pour s’enterrer.

— C’est vrai. Mais vous trouverez à Paris.