On tourne. La salle d’attente est remplie.
Un plafond bas ; le jour terne, qui vient par deux fenêtres écrasées, sans rideaux ; l’air, chauffé par un poêle rouge, est épais, puant d’haleines et de poussière remuée.
Près de la porte, un petit employé vous demande pour quelle affaire vous venez.
— Agence de publicité ? Droit devant vous, guichet no 1. — Réclames ? guichet no 2. — Est-ce pour le journal l’Industrie internationale ? Prenez l’escalier, entresol, porte à gauche… — La rédaction du Siffleur, journal des théâtres ? Au premier, corridor K, au fond, — Le directeur de l’Agence, affaires confidentielles ? Votre nom. Veuillez attendre.
Et l’on s’entasse ; car Abel Henriet reçoit beaucoup de visites confidentielles. À trois heures le défilé commence.
L’employé appelle :
— M. Martin-Dumont.
Un jeune homme se lève, salue madame Le Boterf, avec laquelle il causait depuis quelques instants, et pénètre chez le directeur par une double porte capitonnée qui retombe derrière lui.
— Il est intéressant, ce jeune homme, dit madame Le Boterf à sa voisine, une belle fille brune qui avait pris part à la conversation.
— Vous trouvez ? moi, il m’assomme avec ses inventions. Depuis que je viens ici, et, Dieu merci, j’y traîne souvent mes chausses, je n’ai pas manqué