Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
les femmes qui tombent

tions : voilà tout. Mon silence est à ce prix. Vous me comprenez ?

La baronne ne comprenait pas ; mais elle perdait de son assurance et se sentait vaguement dominée.

Cette femme s’emparait d’elle sans qu’elle pût s’en défendre. Son intérêt la liait aux intérêts de cette petite bourgeoise ambitieuse dont elle devinait les supériorités de caractère, d’esprit et de volonté.

Comme elle n’avait aucune valeur morale, elle fut vite domptée.

La peur, la mollesse de sa nature grasse et douillette, le désir de ne point troubler la sécurité et les avantages de ses relations avec Edwards D… la plièrent comme un chiffon sous l’autorité d’Yvonne.

Elle s’assit en murmurant :

— Sais-je, moi, si le baron se prêtera à mes désirs ?

— Avec de l’argent, répliqua Yvonne, pour de l’argent.

— Sans doute, dit-elle d’un ton maussade, cet article la touchait désagréablement ; mais encore ?…

— Bah ! fit madame Le Boterf, dont l’œil eut un éclair, nous réglerons cela ensemble. Vous traiterez, je payerai.

— Je ne comprends pas, dit la baronne, très interdite.

— Vous comprendrez… plus tard. C’est donc