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les femmes qui tombent

un saphir en flèche dont elle veut piquer son corsage au prochain bal de l’ambassade d’Espagne : elle est riche pour huit jours, à la condition qu’elle ne paye pas ses dettes.

Sa femme de chambre vient lui dire qu’une espèce de dame demande à lui parler.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? cela a-t-il un nom ?

— Madame Yvonne.

— Mettez à la porte.

La servante revient :

— Cette personne insiste pour être reçue : elle dit qu’elle vient pour un manteau…

La baronne leva la tête, puis fronça les sourcils et se mit debout. Elle se rappelait. On lui avait volé sa fourrure, hier, chez Edwards. Quelque solliciteuse qui s’était enfuie après le rapt, laissant là sa guenille de vêtement, qui l’embarrassait.

Il était impossible qu’on la lui rapportât. Cependant, cette coïncidence… il fallait voir.

— Qu’elle entre, et vous fermerez les portes.

Yvonne Le Boterf entra.

Elles se regardèrent : Yvonne, le front haut, le regard clair ; la baronne, froide, les yeux demi fermés. Elle prononça du bout des lèvres :

— Qu’y a-t-il ?

Ce grand air n’intimida point la petite bourgeoise. Elle resta debout comme la baronne, mais très digne. Son visage, à l’expression dure, marqué