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les femmes qui tombent

il se jeta sur ses lèvres. Elle eut un gémissement étouffé, se tordant, essayant d’enfoncer ses ongles dans la chair des mains qui s’emparaient d’elle.

En se débattant, elle fit ouvrir son manteau et craquer son corsage. Elle haletait, crispée, la gorge serrée, ne pouvant dire un mot, se défendant des poings.

Il répétait, s’affolant :

— Embrasse-moi, embrasse-moi…

Tout à coup, elle s’évanouit.

Edwards D… pensa qu’elle s’abandonnait.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un pas venait dans le corridor ; puis on gratta à la porte.

Yvonne ne bougeait pas.

D’un geste rapide, l’homme d’État poussa le fauteuil où elle gisait dans un cabinet sombre, dont le rideau retomba. L’huissier s’avançait avec une lenteur discrète ; il tendit un plateau d’argent où Edwards prit une carte armoriée : « La baronne de Monthaut. »

Mais, au même instant, un tapage de jupes envahit le cabinet ; la baronne n’attendait pas.

Elle avait grand air avec son chapeau Rembrandt relevé sur l’oreille par les plumes d’or d’un oiseau de paradis.

Sa robe en queue de serpent venait derrière elle, ondoyante.

Dès qu’ils furent seuls, elle appuya sur le bras