Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
les femmes qui tombent

de soie noire, sous la pelisse de cachemire à trente-neuf francs. Un chapeau bordé de jais avec des plumes. Son visage est rose malgré la poudre de riz qu’elle a plaquée abondamment. Elle mord ses lèvres minces qui rougissent sous la dent fine et blanche.

Sa carte que l’huissier vient de prendre porte ce nom : Yvonne Le Boterf.

Elle est émue, troublée, elle respire mal ; elle rajuste sa voilette, et regarde furtivement autour d’elle.

L’antichambre est sévère, sombre, d’un vert presque noir. Deux hautes lampes l’éclairent à peine. Le foyer, où le coke s’éteint, croulant sous les cendres, envoie encore une chaleur trop vive. On étouffe.

Yvonne Le Boterf s’est mise debout, suffoquée.

Un grincement de porte ; l’huissier appelle :

— Si madame veut entrer.

Elle marche, très raide. L’huissier la précède.

Un long corridor éclairé par deux lanternes chinoises, et, au bout, une large porte que l’homme pousse, écartant la portière.

— Madame Le Boterf.

La portière est retombée.

Yvonne hésite une seconde, ne voyant personne. Mais l’homme d’État s’est levé ; il fait deux pas vers elle.

— Bonjour, madame ! asseyez-vous.