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s’efforça de me créer quelques relations, de ces relations plus nécessaires que le talent

Ce qu’il cherchait pour moi, c’était la camaraderie, les amitiés utiles. Et il fallait pour cela courir un peu tous les mondes ! Les écrivains jeunes, militants, les enthousiastes ne s’attardent guère dans les salons hautement bourgeois, très austères, comme ceux vers lesquels mes affinités de « pecque provinciale » m’auraient de préférence portée.

On les rencontre ailleurs, dans des milieux moins triés sur le volet, dans ces salons-hall où Tout-Paris passe, méli-mélo : ministres de la veille ou du lendemain, et marchands d’orviétan, authentiques marquises et indéniables catins, grands artistes fourvoyés, petits députés, insignifiants journalistes, bourgeoises candides, et filles à marier, des poètes, des souteneurs, des étrangers et des sots. Çà et là, un écrivain, un maître — un ami qui demeure — prêtant à ce bazar l’attrait de sa glorieuse popularité.

— C’est là qu’il faut pêcher, me dit Guy d’Harssay.

J’y allai, et n’y revins point ; l’appât qu’il faut mettre au bout de sa ligne n’étant pas de ceux dont une honnête femme dispose.

Mais comme il est difficile de reconnaître sur quel terrain on met le pied ! quand on n’est pas depuis longtemps acclimaté à cet étrange pays du Paris mondain.

Je n’oublierai jamais certaine gaffe !… qui faillit me déclasser, sans le secours d’un très aimable chroniqueur de la grande presse.

Guy d’Harssay, pour qui toute femme est digne des plus empressés hommages, si elle est belle, s’avisa de me prier à dîner, chez lui, en compagnie d’un ambassadeur d’Espagne, dom M. S… de l’aimable C…o, du