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connue ; il était sans doute écrit au grand livre que je vous empêcherais de vous tuer à petit feu…

« Pardon de vous parler ainsi, je n’en ai pas le droit, je le sais bien, mais j’ai pour vous une si profonde et complète affection, tant de tendresse, j’ai tant de souci de vous, ma pensée la plus douce est tellement, du matin au soir, et du soir au matin avec vous…

« Ce n’est pas seulement dans les romans, vous le savez, qu’aimer donne un certain droit d’avertir, de conseiller ! Voilà mon excuse. Trouvez-la mauvaise si vous en avez le courage, mais par amour pour vous-même, sinon pour un autre, ne devenez pas une buveuse de haschich.

« A vous,

« José. »


« P.-S. — Je n’ai pas pu encore parler, dans le journal que vous savez, de votre roman Thérèse ; et c’est tant mieux, car entre les préoccupations de la politique extérieure et le tapage de l’affaire H…, ma chronique eût été perdue pour vous comme pour moi. A moins que le vieux père du misérable que Mme H… a tué, ou essayé de tuer — car il agonise depuis quatre jours — à moins que ce vieillard ne tue, à son tour, Mme H…, puisque nous sommes revenus aux temps barbares, — je compte qu’un calme momentané me permettra d’embarquer heureusement mon article d’ici deux ou trois jours.

« Je baise vos belles mains.

« J. »


Après cette lecture, Sylvère, le soir, près de sa table à écrire éclairée d’une lampe dont l’abat-jour bariolé promène des colorations tendres sur son visage absorbé, sur ses mains jointes, la tête un peu penchée sur