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mordillait les doigts de la religieuse ; une morsure qui brûlait.

— Lili, vous êtes insupportable !

— Alors, pourquoi me gardez-vous ?

— Par dévouement à votre pauvre mère, assurément.

Lili :

— Ma « pauvre mère » ferait mieux de me garder près d’elle

— Vous savez bien que vous êtes malade à Paris. Et d’ailleurs, Sylvère n’a pas le temps de s’occuper de vous. Elle travaille.

— A quoi ? Elle n’a pas appris un métier, je suppose ?

— C’en est un que d’écrire.

Lili, bas :

— Oui, elle s’amuse, elle, bien sûr !

— Oh ! mon enfant, d’où vous viennent ces injustes pensées ?

— D’où ? mais de ma tête, simplement. J’en ai beaucoup de pensées, moi ! et je dis que maman fait, sans doute, ce que je ferais si j’étais à sa place, voilà !

— Dieu vous garde, un jour, des tentations et des périls que votre mère brave si héroïquement pour l’amour de vous. Vous feriez pleurer les anges. Voyons, ma petite Lili, vous n’aimez donc pas les anges ?

— J’aime ceux qui sont beaux comme le petit, vous savez, qui soutient l’autel de Saint-Jean, à gauche. Celui-là, je l’aime tant !…

— Qu’il a fallu le faire repeindre parce que vous lui aviez gâté toute la figure, à force de l’embrasser.

— Je vous jure pourtant, ma mère, que je l’embrassais bien doucement, avec ma langue.

— Fi ! la malpropre !