— Paresseuse ! alors j’arrive bien pour gronder. Comment allez-vous ?
Et les mains de Sylvère furent longuement baisées.
— Je m’ennuie.
— Parce que ?
— Parce que je vis : la raison n’est-elle pas suffisante ?
— Je ne trouve pas. J’ai le bonheur de vivre et je m’en félicite.
— Vous êtes bien heureux !
— Ou bien raisonnable. Et vous ne l’êtes guère. Mais, voyons, où en sommes-nous ? Que faites-vous en ce moment ?
— Une nouvelle.
— Pour le Vieux-Monde ?
— Peut-être.
— Pourquoi peut-être ? Turmal ne vous l’a-t-il point demandée ?
— Oh ! depuis quelque temps il refuse systématiquement tout ce que je lui apporte. C’est Dablis qui me perd dans son esprit.
— Ah ! Dablis ! oui, je sais, Guy d’Harssay m’a raconté…
— Oh ! l’indiscret !… murmura Sylvère en détournant son visage rougissant.
— Il n’y a pas d’indiscrétion, ma chère Sylvère, d’Harssay vous aime bien et vous défend comme il convient. Mais, parlons de votre nouvelle qui, certainement, sera la bien reçue à la Revue-Verte. Lagé vous porte aux nues…
— Et sa femme jette les hauts cris lorsqu’on la prie de me recevoir. J’aime autant éviter cette maison-là ; cela me blesse.
— Et les raisons de Mme Lagé ?