Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

votre liberté sous le coup de menaces, etc., etc., — ne sachant rien d’une manière exacte, je ne puis prévoir les cas — sans hésiter, tout de suite, adressez-vous à moi, j’accourrai me mettre à votre disposition, vous défendre.

« Je vous le répète, j’ai assez d’influence pour pouvoir vous être utile, et je vous admire trop pour ne pas être heureux de vous être utile à l’occasion.

« J. M. »


Une petite table carrée, en vieux chêne, aux pieds tournés, si encombrée qu’il restait juste la place à un étroit cahier de feuilles coupées sur laquelle Sylvère griffonne. Ou plutôt, non, elle n’écrit pas, la plume est sèche ; sur le cahier presque blanc, à peine trois lignes.

Et Sylvère, renversée au dossier couronné d’un fauteuil très ancien, recouvert d’une vieille tapisserie, regarde en l’air, obstinément.

Elle est vêtue d’une robe d’indienne noire en forme de blouse, froncée à la taille et au cou, et piquée au corsage d’une aiguille enfilée. Un dé d’argent roule sur la table, et, dessous, traîne un bas d’enfant. Dans une coupe, des cigarettes, dans une tasse, du thé. Un vaporisateur, grand comme le doigt, reçoit dans sa boule irisée les rayons du soleil, qui entre là comme chez lui et touche à tout du bout de ses griffes d’or. Cette boule renferme un mélange de verveine et d’éther.

Mme du Parclet n’a point entendu sonner, aussi demeure-t-elle sans bouger, les yeux perdus dans son rêve.

La porte s’ouvre et José de Meyrac s’écrie :

— Je m’étais promis de vous surprendre au travail.

— Eh ! bien, voilà qui tombe mal, dit-elle en riant, un peu troublée : je travaillais à ne rien faire.