Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

miner et entraîner à une sorte de confession spirituelle qui lui causait, peu à peu, un véritable allégement, une réelle joie de se communiquer, de se sentir comprendre si intelligemment, si affectueusement, par le déjà célèbre publiciste. Des réticences, une à une s’achevaient en des aveux plus complets.

Et lorsqu’il se leva pour partir, après une heure d’un entretien absolument fraternel, Meyrac connaissait Sylvère comme un ami ancien ; il avait tout compris ou tout deviné d’elle, sauf la nature intime d’une tristesse de laquelle elle se taisait, en abaissant sur la révélation possible de ses yeux clairs et francs, le voile de ses lourdes paupières frangées d’ombre.

Sans rien demander qu’une amitié parfaite, Meyrac offrit et promit tous ses services, naïvement acceptés d’ailleurs. Par son influence, certains journaux qui lui étaient dévoués parleraient de Sylvère, la rendraient familière à ce grand public, celui qui fait, sinon les renommées, du moins la popularité et la fortune.

Le dédaigneux silence d’une critique, aujourd’hui dévoyée, étant cotée trop cher, ne pèserait plus si lourdement sur l’œuvre de la vaillante et sincère artiste. Elle dut lui promettre de surmonter ses défaillances, de travailler courageusement, de prendre ses conseils et de compter sur lui.

— Nous sommes amis ? dit-il en la quittant et tendant à son tour ses deux mains, en lesquelles celles de Sylvère vinrent se blottir, comme des mains d’enfant craintive et heureuse d’être protégée !

Elle répéta, radieuse :

— Amis !

Meyrac sortit, très content de lui, vaguement heureux, mais s’avouant toutefois qu’il savait bien ce