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conservé ses larges fenêtres, bordées de la dentelle de fer de leur balcon, à peine cintré, et son vestibule immense, et la rampe admirable de son escalier vaste, aux douces marches usées. Le deuxième et dernier étage, habité par Mme du Parclet, se composait de grandes pièces, au plafond très élevé, au parquet légèrement en pente, comme dans les maisons très vieilles. Et l’antique ameublement breton qu’elle y avait transporté, armoires, coffres, buffets, crédences, cathèdres, se trouvait à l’aise et à sa place dans cette vastitude claire, entre les moulures des hautes portes et leurs trumeaux sculptés dans le bois, et les cadres en bois tournés des glaces tachées d’usure.

Quelques touffes de fougères, de ces belles fougères du bord des prairies mouillées, s’étalaient, çà et là, en de rustiques vases ; mais peu ou point de fleurs, ce luxe des grandes mondaines et des petites bourgeoises qui ne se fleurissent qu’à leur « jour ».

D’ailleurs, les fenêtres ouvertes et les rideaux écartés avec un évident besoin d’air révélaient des habitudes campagnardes et aussi l’inutilité du mystère.

Mme du Parclet sortit de sa chambre, où elle s’enfermait pour écrire, traversa vivement le salon et vint à la porte de la cuisine :

— Janie !

— Comme vous voilà tout en velours, ce jourd’hui ! exclama la servante bretonne.

Les ailes troussées du raide bonnet blanc brodé encadraient son frais visage de sexagénaire bien portante. La poitrine toute ronde sous la bavette du tablier, le fichu tiré derrière le cou par une épingle, les larges manches bouffantes relevées au poignet, la vieille servante épluchait des verdures, et ne se dérangea point, demeurant les genoux écartés, les pieds