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épouvantée, dédaigneuse jusqu’à l’écœurement et toujours prompte à rejeter les plus insignifiants hommages, ce qui détourne d’elle la sympathie des hommes, l’intérêt qu’elle éveille d’abord et qui la fuit bien vite, dès que l’on s’aperçoit qu’avec elle il n’y a rien à espérer, pas même un flirt aimable.

— Mais, c’est pour cela justement qu’elle me paraît tout à fait intéressante, votre amie, répondit Meyrac, troublé. Et je vous jure que si je pouvais lui être utile…

Guy d’Harssay le regarda de côté, longuement :

— Vous pensez qu’avec un peu d’adresse et beaucoup de patience on l’apprivoiserait, hein ? Bah ! qui sait ?…

— Et depuis quand est-elle à Paris ?

— Voilà quatre ans, je pense, que Jules Maurine…

— Qui cela, Maurine ?

— Le mari.

— Ah ! Eh bien ?…

— Non, laissons celui-là… où il est. Il y a environ quatre ans qu’elle m’arriva, un jour, avec une lettre d’un de nos amis communs, le vieux capitaine Dartic, qui avait connu son père, un officier comme lui, mort là-bas, en Crimée. Le mariage de Sylvère n’avait pas été heureux, naturellement. Le Dr Maurine, un défroqué mal guéri de certains vices, et les cultivant tous d’ailleurs, était devenu… malade. Sa clientèle l’avait abandonné et la misère, presque, ne tarda pas à assombrir ce charmant petit castel du Parclet, où Sylvère languissait entre ce mari, sa vieille grand’mère désespérée du choix qu’elle avait fait pour son enfant, et une petite fille, née après deux ans d’une union si cruelle. Puis une douleur nouvelle vint encore éprouver la malheureuse jeune femme, son adorée grand’mère mourut.