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renonçât à ses lèvres — et lui dit, en son éternel rire :

— Que diantre cousez-vous là ? Ma parole, on dirait !…

— Ce sont les petites brassières, dit-elle.

— Quelles brassières ? Pour qui ?

— Mais, pour l’enfant.

— Quel enfant ?

— Le mien.

— Le vôtre ! fit-il en sursautant, comment le vôtre ?

Elle le regarda, effarée.

— Sans doute. Ne suis-je pas enceinte ?

— Vous ? Quelle est cette plaisanterie ?

— Une plaisanterie !…

Elle se leva toute droite :

— Ne m’avez-vous pas dit…

— Quoi ?

— Que si je voulais un enfant…

Alors, il comprit et repartit d’un rire inextinguible.

Puis, tout en pouffant et sans voir la pâleur mortelle qui couvrait le visage éperdu de Sylvère :

— Alors, vous avez cru, comme ça, le premier jour !… Diantre ! comme vous y allez, vous !

Tout a coup, il s’aperçut qu’elle chancelait, et la soutenant :

— Là ! voyons ! ne vous désolez pas. — S’il n’y est pas de cette fois, le petit, il y viendra sûrement, un jour ou l’autre. Rien ne presse, d’ailleurs, nous y travaillerons… Hé ! hé !… je ne boude pas à l’ouvrage moi !…

Il s’esclaffa.

Sylvère, d’un geste tragique, écarta sur son front ses cheveux mouillés d’une sueur d’agonie, et s’arrachant à l’étreinte de son mari, dans un recul de tout son être, elle cria :