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cœur, reprit le bras de son mari et, quittant la sacristie, rentra dans l’église à la tête des couples reformés.

Alors, le petit harmonium, en haut, la réveilla par une marche finale, solennelle, mais joyeuse en son rythme. Emmeline rêvait de quelque apothéose, et toutes les trompettes du ciel acclamaient les élus. La noce descendait vers le porche ; Sylvère, ayant rabattu son voile, les paupières baissées, la face rigide, d’un pas héroïque, car elle se sentait lasse, marchait.

L’église paraissait vide ; la foule groupée au dehors attendait. Un peu avant d’arriver au dernier pilier, une chaise, avec fracas, tomba, tout près de la traîne blanche. Sylvère, surprise, fit un léger cri et se retourna brusquement. Loulou relevait sa chaise. Mais, à ses côtés, adossé au pilier, se tenait Paul Ruper. Il s’y tenait, comme pour se perdre dans son ombre et soutenir sa défaillance visible. Il y appuyait sa tête renversée, son front d’une blancheur d’ivoire. Et ses bras pendaient, les mains enlacées.

Il regarda Sylvère, à travers ses pleurs subitement jaillis ; elle se détourna, calme, sereine, hautaine ; mais un grand froid venait de lui glacer le sang, comme si elle était entrée en quelque crypte funéraire.

Et l’orgue exultait.




Les nouveaux époux ne sont point partis pour un voyage de noces ; la clientèle naissante du « docteur » ne l’a pas permis.

Dès le lendemain du mariage, la vie de famille a commencé.

A huit heures du matin, Maurine est monté dans son cabriolet, et il est rentré à midi, après avoir fait