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derrière un pilier de cette église… où il s’est traîné, tout malade et fou de chagrin qu’il soit !… Ah ! tu as fait un beau travail, va ! Il nous quitte, il va partir… pour je ne sais où, très loin !… mon pauvre Paul !…

— Vous êtes là, vous ? mademoiselle Ruper ?

C’était l’aïeule.

— Oui, moi ! riposta l’effrontée avec un léger haussement d’épaules : je faisais mes compliments à cette « pauvre » Sylvère !

— Mme Maurine n’est pas à plaindre, mademoiselle.

— Je le souhaite pour elle, madame. Adieu, Sylvère. Avant qu’on ne me mette à la porte, je m’en vais. Mais, tu sais, je te reste amie, toujours, quand même ?… Et nous nous écrirons, dis ?… Allons, adieu… Mais, à propos, je n’assisterai pas à la distribution de ton bouquet. Donne-moi tout de suite un brin de fleur d’oranger. Cela porte bonheur aux jeunes filles et je tiens à être heureuse, moi !…

Sylvère, du bout des doigts, détacha un petit paquet de boutons mi-clos qui retenait son voile sur l’épaule gauche, un peu bas, près du cœur, et l’ayant lentement, tendrement porté jusqu’à ses lèvres, d’un mouvement rêveur et doux, elle le tendit à Loulou qui suivait d’un regard malin tous ses gestes :

— Tiens ! dit-elle, et fasse Dieu qu’il te porte bonheur !

— Merci, répondit la petite en enlevant prestement la fleurette ; et, se penchant à l’oreille de Sylvère, elle murmura en l’embrassant :

— C’est pour lui.

Sylvère eut une secousse d’angoisse, tendit ses mains en avant ; mais Loulou s’était échappée, et filait en courant, déjà loin.

Mme Maurine, plus pâle, avec un lourd battement de