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d’ailleurs, est à la veille. Puisqu’il n’a jamais été marié il ne doit pas connaître les secrets.

« Mais, au fait, qui nous les apprendra ?

« M. le curé m’a dit :

« — Mon enfant, votre mari vous initiera aux devoirs intimes du mariage ; obéissez-lui en tout.

« Fort bien. Mais qui donc l’initiera, lui ? »




15 août. — Sylvère a voulu se marier le jour de l’Assomption. Le curé a répondu :

— Soit, après l’office ; la vierge sera bénie à l’autel de sa mère.

Et l’église est parée, depuis le porche jusqu’à la chapelle ; d’un revêtement de feuillages, dont le vert intense est parsemé d’une innombrable floraison blanche et lourdement parfumée. Sur l’autel, les arums dressent leurs longs calices, et, tout le long de la balustrade du chœur, les blancs magnolias tendent leurs coupes enivrantes, comme à la table d’un festin.

L’étoile des jasmins a fourni la jonchée, et les anthémis, effeuillés, du fauteuil des époux ont fait un nid d’argent.

Midi ; la cloche grêle de l’église rustique danse à grande volée ; la population des campagnes accourt, se presse et se range, aux deux côtés du porche béant dont l’enfoncement noir se fleurit, comme d’une éclaboussure de fusée, du scintillement astral d’un groupe inégal de cierges.

Et la noce, que d’antiques carrosses ont menée, entre en majestueuse théorie.

Sylvère est vêtue d’un fourreau de soie très long, qu’enveloppe le tulle nuageux de son voile ; les cheveux, relevés sur le front, et couronnés d’un étroit