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d’un vertigineux effroi, et comme si quelque abîme s’ouvrait sous mes pas, où il faut que je tombe, et où je vais mourir, pour renaître à une existence nouvelle, austère, sacrée, remplie de devoirs inconnus !

« O sainte Anne, pourquoi me dit-on que je ne porterai qu’une fois la blanche couronne des vierges ?… Et que ce sera fini ?… Quoi donc finira ?… J’ai bien peur !… Priez pour moi !… Priez pour moi ! »




Jules Maurine : vingt-sept ans. Il est officier de santé de l’académie de Montpellier. Par politesse on l’appelle « docteur ». Peut-être en eût-il conquis le grade ; mais à quoi bon ? Il exercera dans un pays perdu, entre Quiberon et Vannes.

D’ailleurs ses études ont été tardives. A dix-huit ans, après avoir passé son baccalauréat, la vocation religieuse le prit, et il revêtit le froc de novice chez les Dominicains. Mais il révéla des vices incompatibles avec la pureté de la vie religieuse ; une névrose spéciale le tourmentait : on refusa de lui conférer les ordres. Et, pour le guérir, on l’envoya étudier la médecine en province. Là ses dispositions passionnelles parurent se modifier.

Très changeant, du reste, très mouvant, l’esprit brouillon, curieux et chercheur, mais superficiel, effleurant tout, embrassant tout, et n’étreignant rien, toujours pressé de courir d’une chimère à une autre.

Ambitieux, par surcroît, et tout bouffi d’un savoir presque nul ; mais superbement d’aplomb grâce à une faconde, parfois brillante, de charlatan

A peine pourvu du brevet d’officier de santé, il retourne chez les bons pères de la rue du Bac, qui l’examinent et le soupèsent. On tâchera d’en tirer le