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ans ! Si tu acceptes, Paul espère bien que tu ne le laisseras pas languir si longtemps sans te voir, te parler quelquefois, t’écrire même — ne serez-vous pas fiancés devant Dieu ? — Car il a bien besoin de prendre courage, et il t’aime si éperdument !

« Réponds vite. Nous t’adorons.

« Ta sœur, Loulou ».




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— Prière que je réciterai pendant neuf jours à l’autel de sainte Anne d’Auray : « Grande sainte, faites-moi la grâce d’aimer Jules Maurine, puisque je vais l’épouser le 15 août prochain.

« Grande sainte faites-moi la grâce qu’il n’y ait désormais ni dans mon cœur, ni dans mon esprit aucune pensée étrangère à celui qui va être mon mari.

« Faites-moi la grâce d’être une bonne épouse, fidèle et dévouée, et une mère aussi parfaite que vous l’avez été. Ecartez de moi ces tristesses oppressives qui me rendent malade et donnent du souci à grand’mère. Aidez-moi à vaincre l’étrange répulsion qui me fait frissonner comme d’un grand froid, lorsque mon fiancé touche ma main.

« O sainte admirable, puissante et vénérée, je ne vous demande pas le bonheur, puisqu’il n’existe pas sur terre, et que Dieu exige de nous le perpétuel sacrifice de nos joies ; mais, la vie étant brève, donnez-moi le courage de la passer toute entière sans une faute, sans une défaillance.

« Soutenez-moi dans l’épreuve du mariage, cette épreuve dont on me parle comme d’un supplice mystérieux et cruel, et vers lequel je suis cependant attirée par je ne sais quel instinct qui me fait battre le cœur