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— Quoi ?

— Ce mari.

— Et c’est ?… dit-elle, un peu pâlissante.

— Tu ne devines pas ? Voyons, cherche, dis un nom. Nos relations sont si restreintes ! Allons, que je t’aide : il n’y a pas bien longtemps que tu ne l’as vu…

— Ah ! dit-elle, en rougissant cette fois, c’est Paul Ruper.

— Ruper ! s’écria l’aïeule, quel Ruper ? Le frère de ton amie Louise ?… A quoi penses-tu, Sylvère ? Ah ! si tu crois que les Ruper soient des gens à marier leur fils avec une fille pauvre comme toi ! Non : Ces petits banquiers de province, usuriers pour les trois quarts et voleurs pour le reste, d’ailleurs riches à pourrir, ont bien d’autre visées !… Mais d’où t’est venue l’idée de le nommer, ce… Paul Ruper ? Je t’ai parlé d’une personne que tu avais vue depuis peu, et, je ne sache pas que celui-ci !… Tu l’aurais donc aperçu ?

— Oui, grand’mère.

— Où ? En quelle occasion ? En quel endroit ?

— Ici même, au pied de cette terrasse sur laquelle vous êtes venue me surprendre presque à l'heure…

— Achève, Sylvère !

— … Où il passe à cheval, chaque jour, murmura la jeune fille. Et, tenez, fit-elle soudain, chut ! Entendez-vous ce galop ? Dans une minute il sera là…

— Et alors ? balbutia la grand’mère.

— Alors, je me penche, il me regarde, me salue et s’éloigne lentement…

— Lentement ?

— Oh ! très lentement, en se retournant à demi, l’air fort triste.

— C’est tout ?