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— Mais, chère innocente, c’est par la transmission du sang ?

— Quel sang ?

— Assez, ma fille. Le mariage a ses mystères, comme une religion ; il en est une, en effet. Ces mystères te seront révélés par ton mari ; je te préviens seulement qu’ils sont graves. Mais puisque le couvent et la candeur de tes rêves t’ont laissé l’âme plus naïve et plus vierge que celle du plus pur des anges, je suis bien forcée de te dire : prends garde !… Assure-toi d’aimer assez profondément l’homme que tu épouseras pour que tu puisses en accepter, sans dégoût, tout, même la souffrance.

Et maintenant, venons au fait ; car tu penses bien que je ne tourne pas, depuis une heure, autour de cette question brûlante pour le simple plaisir de causer.

Tu sais, que nous ne sommes pas riches : les revenus du Parclet, et c’est tout ! Ils ne sont pas gros, ces revenus ! Bref, bien que ce domaine, qui représente ta dot, vaille de soixante à quatre-vingt mille francs, il ne sera pas possible d’en réaliser le prix avant ma mort. Et la rente que je pourrais te faire… en attendant, sera mince, bien mince ; encore que j’accepte d’avance toutes les privations, et Dieu sait avec quelle joie !…

— Grand’mère !…

— Laisse-moi dire. Ce qui serait à souhaiter, dans notre situation, ce serait de trouver un mari qui ne t’emmenât pas, qui restât ici, avec nous, vivant sur le domaine…

— Mais il faudra bien qu’il en soit ainsi, ou je ne me marierai pas, car je ne veux pas vous quitter.

— Bien vrai ? Ah ! que je suis heureuse, ma chérie !… Eh bien je crois que nous avons trouvé…