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ans, n’est-ce pas, Emmeline ?

— Moi, je ne puis rien promettre.

— Parce que ?

— Je serai dans les ordres.

— Qu’en savez-vous ?

— Je le désire !

— Oh ! ce n’est pas toujours une raison !

On appelait Sylvère. Leurs bras s’ouvrirent comme des ailes blanches, elles s’étreignirent, très pures, des baisers à leurs joues mouillées de pleurs, et Sylvère s’enfuit.

Elle quittait le couvent à seize ans et demi.

. . . . . . . . . . . . . . .

Sur la route de Vannes à Quiberon, à l’orée d’un bois de sapins, une antique maison à vieilles tourelles basses : c’est le Parclet. Des tilleuls et des frênes lui font un rideau du côté où la brise de mer souffle ; de ce côté, des landes vertes d’ajoncs, et aussi de tamaris légers qui fusent en effilant leur grêle feuillage, qu’éparpillent follement les rudes vents du large.

La façade, tournée au sud, se fleurit de glycines, de roses et d’aristoloches.

Un gai jardin s’étend vers l’intérieur des terres.

Autour, des champs encadrés de pierrailles alignées, quelques prairies et encore des landes. Çà et là, un bouquet de pins. C’est triste et doux, avec un air de pauvreté tranquille. Les routes sont blanches et nues ; on aperçoit, très loin, clairsemés, des villages.

Sylvère et sa grand’mère vivent là.


Une après-midi de juillet. Le vent souffle du nord-ouest, rude et vif. De la terrasse plantée de frênes, Sylvère se penche vers le chemin qui longe le mur. Dans sa robe de laine blanche, à plis droits et cein-