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bien joli pour un homme ! mais il l’est autrement qu’une femme.

Je crois ses cheveux un peu rudes, une crinière plutôt, s’il les portait longs. D’ailleurs ses yeux ne sont pas bleus… Comment sont donc les yeux des fauves ? Je l’ai bien vu, sans en avoir l’air, lorsque Louise, sous un vain prétexte, m’a fait appeler au parloir. Elle nous a présentés : Mon frère, Paul Ruper : ma meilleure amie, Sylvère du Parclet. Il a salué d’un beau geste, avec un air comme s’il eût promené un de ces feutres emplumés du grand siècle. C’est la première fois que l’on me traite si cérémonieusement. Déjà ! seize ans !… me voici en robe longue, presqu’à traîne, et l’on me salue comme une duchesse.

C’est drôle la vie !… Est-ce qu’elle serait amusante aussi ? Je ne le pensais pas. Nous verrons bien.

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Dans la cour du couvent, une antique berline où l’on vient de charger deux petites malles.

Madame la supérieure reconduit vers cette voiture, avec des façons cordiales et respectueuses, une très vieille dame, jolie, sous ses cheveux d’un blanc qui évoque la poudre, et dans la rigide soie de sa robe longue, floconnée de dentelles anciennes. L’antique douairière paraît rayonnante et attendrie. Lentement, elle regagne sa place, au fond douillet de sa voiture, en attendant Sylvère.

Celle-ci s’est attardée dans ses adieux au couvent, aux amies qu’elle laisse et ne retrouvera peut-être plus dans la vie. On pleure parmi des enlacements.

Vers le dortoir, où Sylvère avait oublié, près de son lit, un rameau de buis, bénit aux dernières Pâques et qu’elle veut conserver, doux souvenir, deux jeunes